Dans ce lit sans désir où je m'allongerai Pour m’endormir enfin sans haine et sans colère, M’en allant, libérée, sans remords ni regrets, Sans larmes ni douleur... sans les mots des prières,
Avant de m’égarer dans le gris du Silence, Juste avant de tomber dans un puits sans écho, Je te raconterai les bonheurs de l’enfance, Entrebâillant un peu les plis de son manteau.
Avant que tant de mots n’expirent sur mes lèvres Dans ce monde maudit sans chaleur ni pardon, Avant que mon corps las, dominé par les fièvres, Ne vienne à traverser le miroir des saisons,
Laissant filer ma vie, laissant couler les mots Dans un ultime aveu, comme une délivrance, Je te raconterai, dans un dernier sanglot, Les Vagues de la Mer lorsque le Vent y danse.
Alors, tu saisiras ma main, telle une chaîne : - Voici venu le temps de ton dernier sommeil ! Et, prenant ton essor, Déesse souveraine, Ô Nuit, tu m’ouvriras la Porte du Soleil !