La tristesse du monde
Si j’avais consolé la tristesse du Monde
En vidant l’Océan de ses larmes de sang,
Elles s’écouleraient en des gorges profondes
Eclaboussant de fard le lit de ses Torrents…
…On récolte toujours tout ce qu’on a semé
Et la flèche tournoie emportée vers la cible,
Mais, on n’oublie jamais tous ceux qu’on a aimés :
Les feux de leurs soleils nous rendaient invincibles !
Mon cœur a supporté tant d’écueils et d’épreuves,
Que mon âme esseulée, en chemin, s’est perdue
Et le cours de ma vie s’est jeté dans un fleuve
Où la mélancolie était là toute nue.
Pourtant, nul ne saura -si ma peine fut grande-
Ni pourquoi, ni comment la plaie s’est refermée :
C’est au détour d’un bois au seuil de Chamarande,
Qu’à la main du destin je me suis arrimée.
Il avait, dans les yeux, cet espoir qui délivre,
Celui qui nous conduit, jusqu’à la déraison,
Vers ces contes de fée qu’on ne lit qu’en des livres,
Où la Belle en rêvant attend la floraison.
Il guérit, chaque jour, de la lèpre du temps
Mon corps contaminé et, quand il me sourit,
Je revois, un instant, dans un reflet d’antan,
Cette fille aux yeux bleus qui courtisait la vie.
Il couronne mon front -alarmé, tourmenté-
Quand le sol incertain sous mes pas se dérobe,
D’un baiser que le vent s’amuse à me voler
En essoufflant l’écho dans les plis de ma robe…
…Non ! Pourquoi consoler la tristesse du Monde
Alors qu’il n’a rien fait quand je me sentais laide ?
Aujourd’hui, à nouveau, le soleil d’or m’inonde
Délivrant, à mon cœur, l’amour comme un remède.