Ils ont la dévotion zélée des sentinelles, Dans la tiédeur des nuits, parler on les entend D’encaustique et de cire en massages flanelle, Compagnons de nos vies dévoués et aimants.
La commode et le lit et le grand canapé ? On les a entassés de la cave au grenier, Et le buffet d’antan, qui trônait au salon, Ne peut pas y loger son solide fronton.
Il était si heureux du temps de sa jeunesse Où il fut admiré, mais au calme et en paix… Désormais délaissé, pitoyable, en détresse, Il ne rêve aujourd’hui qu’à vivre retiré…
…Je ne saurais vous dire s'ils cachent une âme, Pourtant, ils font partie du présent, du passé, Témoins de nos amours, de nos vies, de nos drames, Ils sont les confidents qui gardent nos secrets.
Ce bureau que l'on aime acajou patiné Nous parle d'enfance dessinée à la craie. Ce placard acacia qui sent encor le thé Nous rappelle d’avant nos déjeuners d’été.
Le fauteuil si profond où l’ami s’est assis Et le lit de mamy nous dit qu’elle est partie Dans un jardin plus beau où les fleurs se querellent La douceur de ses mains à l’ombre des venelles…
…Les meubles n’ont pas d’âme ils ont juste un langage Qui nous dit le futur, le passé, le présent, Nous qui sommes en sursis, ils tournent les pages Des livres de nos vies, tout en défiant le temps.