L’araignée du matin a déchiré sa toile Dévidant l’écheveau où s’enroulaient nos cœurs ; En tombent, un à un, des liserons d’étoiles En larmes de rosées au bassin de mes pleurs.
J’ai bu jusqu’à la lie au carafon de l’âme Mais conjugué le verbe aimer à l’imparfait ; Si j’ai tourné la clé, pourtant aucun sésame Ne m’a ouvert ton cœur… amère, je m’en vais.
Dans les brumes de mai, le jour se fait morose Et lape ma douleur à l’éponge des cieux ; Alors, au vent d’aimer où se fanent mes roses, La lave de mes cils déborde de mes yeux.
Dans le silence froid, la nuit étreint ma peine En laissant sur ma peau l’empreinte d’un frisson Et le mouchoir obscur essuie la porcelaine Où mes pleurs ont coulé au temps des trahisons.
Aux chardons d’un regard, mes sentiments s’échardent... Dans le ruisseau des jours où mon âme s’égare, Mon cœur s’est émoussé et, délaissé, cafarde Sous mon corsage nu comme au quai d’une gare,
Et s’effeuille à mes doigts la blanche marguerite Que j’ai volée hier au giron des moissons... ...A l’automne des jours où les nuits tombent vite, J’ai perdu, ce matin, la clé du diapason.