Ô toi, beau cygne ailé au port majestueux Qui descend, doucement, ce miroir pellucide, Sais-tu qu’au temps jadis un Seigneur amoureux, Éconduit et trahi, tourmenté… et perfide,
Après maintes années passées à se languir, A espérer, en vain, le retour de sa belle, Malheureux, accablé, jaloux à en mourir Et tout à son courroux, punissant l’infidèle,
Fit servir en ripaille à la muse indocile, Le cœur de son amant ?! Et, si l’étang se ride Sous le duvet funeste de ton cou gracile Tel un ange de mort où tu passes, impavide,
C’est que l’eau les a ceints du tombeau tout en verre Où toi, beau cygne noir, indifférent, tu glisses Et leurs ombres damnées te font comme un suaire Habillant l’onde jais d’une obscure pelisse…