J’aimerais te donner mes yeux fervents et tendres Pour que ton regard bleu se pose avec émoi Sur le front de l’enfant aux cheveux palissandres Qui dort dans son berceau tout à côté de toi.
J’aimerais que mes mains t’enseignent la tendresse… En effleurant sa joue d’un geste maladroit, Tu la transformeras en perles de caresses Quand tu tiendras ses rêves au bout de tes doigts.
J’aimerais te donner les fibres de mon cœur Qui ont brodé d’amour les ourlets de ma vie Et, berçant ton petit, tu tariras ses pleurs Quand il s’endormira entre tes bras, blotti.
J’aimerais que la voix qui jaillit de ma bouche, Celle qui t'a donnée, jadis, tant de baisers, T’apprenne, peu à peu, à être moins farouche, Le guidant, pas à pas, avec simplicité.
Puis, j’aimerais t’offrir, comme un porte-bonheur, Tous les frissons ardents que sème sur ma peau Le soleil au levant qui butine les fleurs, Quand la mer l’étourdit déliant ses chevaux.
Je revivrai, alors, à travers tes pensées Marchant dedans tes pas, dans chacun de tes gestes En te donnant un peu, avant de m’en aller Trouver ma vérité sous la voûte céleste.
Et je te survivrai féale sous la pierre Quand, débouchant le vin et rompant le pain blanc, Tu te rappelleras ces mots de la prière : "Mangez, c'est de ma chair ! Buvez, c'est de mon sang !"