Ces mots qui ont mûri au terreau de mon âme, Je les ai parsemés pour pimenter mes rimes De saveurs épicées et de senteurs sublimes De miel et de akée, comme de vague à l’âme.
Puisant leur mélodie dans le chant des fontaines Exhalant des parfums aux fumets exotiques, Et même si tissés au fil noir de mes peines, Ils ont transfiguré ma corde poétique ;
Si bien que griffonnés à l’encre indélébile, Imprégnés d’allégresse ou de mélancolie, Ils ont ce goût poivré de myrrhe ou de kyphi Qui font de mes couplets des laïs volubiles.
Depuis l’instant fugace où, s’inspirant des roses, Ils vont s’éparpillant sur le papier froissé Jusqu’à la volupté quand ma plume se pose Pour y laisser mon sceau, c‘est à peine esquissés,
Que les vers se marient à n’en plus faire qu’un Au présent, au passé ; ruisselant d’imparfait, Ils viennent se lover, pudibonds ou coquins, Alors, ils prennent vie lorsque ma muse y fraie.
D’asters en liserons bordant l’orée des grèves, Amadouant le vent qui danse dans les dunes, Ma page se remplit de l’écume des rêves Quand le poème éclot au clairet de la lune,
Et dans l’élan boisé d’un sonnet virtuose, Irisant peu à peu les bleus de l’outremer, Les verbes, fins gourmets, se gorgent de ma prose, Charmés et enivrés en bravant l’éphémère