Le souffle du silence
Apprends-moi ton langage, apprends-moi ton secret,
C’est avec mes dix doigts que j’aimerais te dire
Ces verbes singuliers que tu n’entends jamais :
Viens, donne-moi la main, apprends-moi à grandir !
La pluie danse la gigue au toit de ta maison
Mais, tu ne le sais pas et, dans l’indifférence,
Au piano de tes cieux, se tait le diapason…
…Quand tu fermes les yeux, dis-moi à quoi tu penses ?
Tu n’entends pas l’oiseau quand il te fait cortège,
Ni les harpes du vent au cœur de la Bohème,
Ni mes pas de géant qui crissent dans la neige,
Ni le son de mon cœur quand je te dis « je t’aime ».
Tu n’entends pas la voix qui jaillit de mes lèvres,
Alors, enseigne-moi celle qui, au matin,
Quand mon âme est blessée ou que mon corps s’enfièvre,
Me tend, comme un présent, l’aubade de ses mains !
Si tu ne saisis pas le temps que la pendule
Egrène, peu à peu, dans le feu crépitant,
Apprends-moi ton silence et, tel un funambule,
Pour toi, je tisserai, dans les cheveux du vent,
Tous ces mots que ma bouche a murmurés naguère,
Quand l’Eté se grisait ennivré de soleil,
Au creux d’un coquillage amoureux de la mer
Et que l’écho muet glissait à ton oreille.