Si nous avons gravé sur l’arbre de la vie Naguère nos deux noms enlacés dans un cœur, Le vent a déchiré le tissu qui nous lie Débâtissant l’ourlet qui nouait nos deux cœurs.
Les fils de nos amours que le temps effiloche Déroulent, peu à peu, nos rêves à l’envers Et nos yeux qui se boivent, nos mains qui s’accrochent N’osent se détacher et n’osent se défaire.
Jouons la partition de l’ultime sonate Où, sur le piano noir, à quatre mains, nos yeux, Avant que le tonnerre et que l’orage éclatent En perles d’eau de pluie, ne se disent adieu,
Car tous les mots d’amour qu’à présent l’on se cache -Qui ne franchiront plus la courbe de nos lèvres- Ressemblent, tour à tour, jouant à cache-cache, Au lait qui s’est tari d’un enfant que l’on sèvre.
Il pleure et se débat en tendant ses deux mains, Mais le sein convoité se dérobe sans cesse Et le temps continue sa route vers demain, Laissant derrière lui deux âmes en détresse.
Encore une minute ! Encore une seconde ! Un regard… Un soupir… Un baiser… tendrement, Mais, dans le glas des jours, où la mort fait sa ronde, Un chariot de feu emporte les serments