Du fond de ma mémoire il me revient souvent Ce divan familier où l’on allait s’asseoir Quand l’odeur du café préparé par maman Venait nous réveiller aux lits du nonchaloir.
On se roulait dans l’herbe au gai soleil d’été... ...Puis, la table de bois s’habillait d’une nappe ; Affamés, on courait galopant dans les blés A l’idée de goûter d’alléchantes agapes.
Après le déjeuner, la tablée s’ébrouait... ...On s’allongeait alors écoutant les anciens, Jusqu’à ce que, gavés de manne, on s’endormait Bercés par les accords d’un rondeau vénitien.
Les roses de Ronsard, comme des majorettes, Bariolaient de feu les murs de la maison Puis, quand carillonnait le cri de l’alouette, Le ponant repliait les pans de l’horizon.
Il faut me pardonner -ma mémoire improvise Les souvenirs plaisants des bonheurs envolés : Dans la magie d’hier, comme au temps des cerises, La chanson des grillons et la blondeur des blés-
Pourtant, j’ai sur la langue la saveur exquise Du chocolat au lait et du pain de froment Qu’on dégustait, jadis, comme une friandise Et le goût singulier des sucettes d’antan.