L’Hiver l’a poignardée et ma Rose se fane Car la langue du Froid -coquelicot de givre- L’emprisonne en ses rets où le Vent se pavane, Feuille à feuille arrachant les pages de son livre.
Sa robe taffetas se déchire en silence Quand l’Horizon se vêt de flocons facétieux Et, sur la partition, les voici qui s’élancent Emmitouflant son cœur d’un blanc manteau frileux.
Dans le Silence gris, un ruban de froidure S’échappe, peu à peu, de ses rêves gercés Et tous ses souvenirs se couvrent de ratures En laissant dans son âme un regret suranné.
Si tous les mots d’amour pouvaient la réchauffer En jetant comme un châle au-dessus de sa tête, Déroulant à ses pieds un long tapis ambré Jusqu’au seuil du Printemps, en guise de cachette !
Je la croyais à moi… Je la revois si belle Parmi toutes les fleurs égayant mon Jardin ! Mais, dans le Firmament, la Neige, pêle-mêle, L’enlaidit, tour à tour, distillant son venin.
Comme dit la chanson : « on est bien peu de chose »… Ma Rose s’est perdue au cœur de la tourmente Et, dans le jardin nu, que l’Hiver décompose, Ne reste qu’un parfum sous la Lune troublante.