Lorsque j’ai pris la mer, mon cœur était en fête, Et le soleil, enfin, de la brume émergeait Clignant de ses yeux d’or sur les mâts et ma tête, Sur les dunes sablées, les bateaux et les quais.
Les parfums de l’été embaumaient le Vieux Port, Des dauphins, deux par deux, m'escortaient facétieux, Parés de beaux atours, les fusains de l'aurore Repeignaient l’horizon à "l’encre de mes yeux".
Maintenant, je louvoie sur un vaisseau fantôme Qui tangue sous mes pieds, toutes voiles dehors ; Et, sur le pont désert, se mêlent des arômes De poisson et de bois, de bâbord à tribord.
Sous le vent imprégné de varech et de sel, D’un ivre mouvement, s’incline ma galère Et je sens me gagner l'amertume et le fiel... ...Tel un cri retenu juste avant la colère.