Sur la plage qui se vide, Quand la marée est basse, Quand les dunes se rident, La mer semble si lasse.
Dans les rochers déserts, Un vent délétère Assèche les mares Où les bêtes vont boire.
Il emporte le sable, Il écrase les genêts, Effeuillant les érables, Comme s’il en pleuvait.
Tout en se retirant, L’eau du large dessine, Sur le sable mouvant, Tout comme des rimes,
Des veines à ciel ouvert, Des nervures qui dansent, On dirait que la terre, D’un seul coup, semble immense.
Elle scande la berceuse, Berceuse originelle Elle sussure, langoureuse, Doucement, le nom de celle Qui ainsi nous donna la vie, Dans le sang et dans un cri.
C’est ainsi que nous pourrions, De cri en cri, de nom en nom, En fouillant le sexe de la terre, Enfantant dans le mystère, Remonter en quelques secondes, Jusqu’à l’origine du monde.