Si l’hiver a laissé, peu avant de partir, Un message gravé dans la terre gelée, Je n’ai pas eu le temps de le voir, de le lire, Le printemps, empressé, l’a déjà effacé.
Si le printemps a dit des paroles troublantes, Les jetant, ça et là, aux oiseaux et aux nues, Je n’ai pas eu le temps d’écouter ce qu’il chante, Dans les feux de l’été, elles ont disparu.
Les amants de l’été, sur les quais de la Seine, Ont gravé leurs amours sur les troncs effeuillés Je n’ai pas eu le temps de lire leurs poèmes Car l’automne pressé les a déjà noyés.
Si l’automne a parlé d’une voix monotone, Si, aux feuilles jaunies, il a dit des secrets, Je n’ai pas eu le temps, aussi je lui pardonne, L’hiver les a figés dans la terre gelée.