Quand le sel bleu de l’aube pétrifie les étoiles Et la craie du matin dessine un nouveau jour, La lune disparaît en déchirant le voile Que le vent a tissé en offrande d’amour.
De l’armoire aux secrets, un parfum de lavande S’échappe, peu à peu, irisant mon miroir : « Quelle est la plus jolie ? Est-ce moi ou Yolande ? Répond-moi, s’il te plaît, miroir, mon beau miroir ! »
Quand le soleil d’été esquisse des marelles Au chevalet des cieux en longs reflets nacrés, En laissant sur ma peau la mûre et la cannelle, Mes yeux sont-ils moins bleus et mes seins moins dorés ?
Quand le pinceau du jour repeint tout l’horizon A l’encre dérobée au bleu de mes prunelles, Sur le piano des nues où dansent les saisons, Le vent vient décoiffer mes cheveux pêle-mêle.