Un jour, je m’en irai voguer dessus la mer Avec, pour seul billet, un aller sans retour, Mon chemin fut si long, mes lendemains si courts, Et je n’en ai goûté que quelques fruits amers.
Surtout, ne pleurez pas ! Ne priez pas de grâce ! Non, ne me couchez pas au fond d’un cimetière ! Moi, j’ai besoin du vent qui souffle et qui m’enlace, Et qui m’emportera jusqu’au bout de la terre !
Vous mes amis féaux, amours qui ne sont plus, Eparpillez mes os là-haut sur les falaises, Pour que je puisse encore -ô j’ai tant attendu- Contempler l’Océan ; Chopin, sa Polonaise
M’emmèneront, alors, tel un farfadet ivre Et je pourrai, ainsi, au-dessus de la mer, Moi qui n’ai jamais eu la liberté d’y vivre, De me promener, là, comme au bras de ma mère.
Vous me retrouverez, illuminant vos vies, Quand vous contemplerez le lit du firmament ; Je serai n’importe où -même au cœur de la nuit- Et je vous bercerai au couffin du levant.