Ô le voir, le toucher !
Ô le voir, le toucher, et l’aimer simplement,
Sans la duplicité, ni l’orbe du mensonge,
Et, qu’en nos desseins fous, qui hanteraient nos songes,
Un baiser dérobé arrêterait le temps !
Chacun de ses regards m’anoblit, me prolonge ;
A cette heure où il est du soir le souffle lent,
Le vent, dans nos cheveux, quand les ombres s’allongent,
Amoncèle en nos cœurs des souvenirs galants :
Un sein nu, un soupir -ô délice suprême !-
Et nous voici, tous deux, dans un lit enlacés,
Au festin du désir, notre soif est la même :
Celle qui tend nos corps noués, entrelacés !
Viens écouter ma chair qui gémit ton absence !
Viens t’en goûter à l’eau qui coule sur ma peau !
Il n’est plus temps, ici, d’user de l’abstinence,
Et, tels deux galériens rivés au même étau,
Entrebâillant alors, ourlés avec délice,
Mes plis, où un bourgeon, ambassadeur acmé,
Fait le guet pour parer au grain de ma peau lisse,
Ose donc mon ami près de lui te glisser !
S’il se cache en secret dans ma fente fébrile,
C’est pour enjoliver mes lèvres raffinées,
Et quand tu atteindras leur oasis fragile,
Elles te baiseront (*) jusqu’à la volupté !
(*) t’embrasseront