Ton berceau ? Ce couffin où, tel un ange blanc, Ton petit corps s’endort à la nuit souveraine Et le duvet bien chaud le couvre, enveloppant Ton innocent repos d’un nuage de laine.
Un rêve fait bouger le coin de tes paupières, Ton genou potelé met mon cœur en émoi ; Rien qu’à t’humer de loin, inassouvie, j’espère Un signe de tes cils, un geste de tes doigts.
Dors petit prince dors, qu'aucune créature Ne s’en vienne troubler ton doux sommeil d’enfant, La louve que je suis en ferait sa pâture, Dors, petit prince dors, mon amour te défend.
Lorsque la lune fuit, aux rayons du soleil Enluminant de feu tes boucles innocentes, Rompant, effrontément, le charme du sommeil, Tu te réveilleras à l’aube renaissante.
Et le monde assoupi, suspendu à tes lèvres, S’éveillera, saisi par l’écho de ton chant, Ni les mots veloutés, ni les paroles mièvres N’égaleront ton cri perçant le firmament.
Et je te bercerai, lové contre mon corps, D’où tu contempleras ma face maternelle, Nourri, puis enivré de tendres ritournelles Où je te chanterai : dors petit prince dors.