Quand les belles de nuit
Quand les Belles de Nuit se fanent sous la Lune,
Que les Roses se meurent, que le Vent fraîchit,
Quand la plaine se noie sous la Pluie importune,
Que la Bruyère en fleur, au maquis, dépérit,
La Glycine a sombré et morte est l’Aubépine,
Le parfum des Lilas n’embaume plus, ce soir,
Ma maison que l’hiver, dans le givre, enracine,
La voici toute nue et perdue dans le noir.
Et mon jardin n’est plus l’amant de la lumière,
Tous les oiseaux ont fui vers des cieux plus cléments
Et j’ai crainte, parfois, que ne tombe en poussière
Le bosquet épineux soumis aux éléments.
Au temps de Juin, jadis, sous des cieux outremer,
Que l’Eté habillait de robe diamant,
De l’éveil d’un bourgeon à la Rose trémière,
L’Abeille butinait caressée par le Vent.
Les ruches bourdonnaient à l’ombre des tonnelles,
Frôlé par le Zéphyr, le gazon frissonnait ;
De la pie, au moineau, à l’humble tourterelle,
Tout n’était que douceur et la Terre tournait.
En ce rugueux Hiver, un Soleil tremblotant
S’échoue à l’Horizon tout comme un lourd fardeau
Puis sombre dans l’étang, happé par le néant,
Sous l’œil indifférent et morne d’un crapaud.