Ressentiment
La Lune dans les Cieux, monocle de la Nuit
Au regard scintillant, contemple l’Univers
Dans le firmament noir d’un œil mouillé d’ennui,
Retenant un sanglot, comme un cyclope amer.
« Souverain Eternel, qui est où bon te semble,
Pourquoi le Gai Soleil est-il plus beau que moi ?
Je ne fais que passer, errante comme une ombre,
Alors, qu’en vérité, partout, il est le roi !
Le Jour est son royaume et l’Oiseau dans son nid
Lui chante son éloge en fa, en ré, en sol,
Et, quand l’Eté revient, Seigneur, quand il sourit,
Il fait se retourner les fleurs de tournesol !
Moi, je n’ai que la Nuit pour unique oraison,
La chouette ou le hibou pour consoler mes peines
Et la chauve-souris pour hanter ma maison,
Le hurlement du loup, le rire de la hyène ! »
« Belle Lune d’argent si je t’ai faite pâle,
En te donnant les clés du Royaume des Ombres,
C’est pour te rappeler que, même les opales,
Ne sont que des cailloux sans l’éclat de ton ombre !
C’est toi que le poète implore et sollicite
Quand sa Muse appareille en larguant les amarres ;
C’est toi qui fait jaillir l’enfant et qui l’invite
A entrer dans la vie, un peu comme une star !
Sans toi, sans ta lueur, règnerait le chao,
Le papillon de nuit s’étourdirait en vain
A frôler les carreaux jusqu’au petit matin.
Comme tu manquerais à ton ami Pierrot !
S’il me plait quant-à moi que, telle une Vestale,
Tu brilles dans les cieux en magnifiant nos nuits,
C’est qu’au fond de la Mer, impétueux chenal,
Le Gai Soleil se meurt, alors que tu revis ! »