Si les mots sont d’argent et le silence est d’or, Rien ne viendra troubler la calme souverain Où baignent les vallons, les bois et les blés d’or, De l’infini du soir jusqu’au petit matin.
Déjà toutes les fleurs se referment en chœur ; Si les Belles de Nuit à la lune sourient Alors que le Hibou s’ébroue de sa torpeur, Blottis, tous les oiseaux s’endorment dans leurs nids.
Le vent caracolant rend les armes soudain Et tous les petits veaux sont rentrés à l’étable, Les bambins sont repus ; au-dessus du jardin, Un Héron en retard se hâte infatigable.
Des millions de regards font un accroche-cœur Aux labours assoupis baptisés de rosée ; Tout près d’un mur de pierre un saule tout en pleurs Semble se consumer pour sa douce épousée,
Gardant le souvenir d’ineffables instants Quand le ruisseau fringant murmurait en sourdine Léger et bondissant aux cailloux du torrent, Tandis que, lentement, s’apaisaient les collines.
De la terre endormie rien ne semble germer : Du sol écarquillé, pas un if, une ivette, Juste un petit crachin qui s’est mis à tomber Irisant les secrets de fines gouttelettes ;
Et le temps se défait ainsi qu’un écheveau, Dans le foyer, la buche encore un peu crépite, Le feu va s’étiolant de pépite en pépite… …Et la braise consume enfin le soliveau.