Si un jour...
Si un jour le soleil devait cesser sa course
Et que mes yeux sans vie ne pouvaient plus te voir,
Que la lune, à son tour, suivie de la grande ourse,
S’éteignait à jamais me laissant dans le noir,
Tue-moi !
Si mes mains desséchées ne pouvaient plus se tendre
Et mon regard éteint ne savait s’émouvoir,
Quand, sous le poids des ans, les pourpres des Octobres
N’embraient plus mes cheveux lorsque descend le soir,
Tue-moi !
Si l’air n’embaumait plus le musc ni la coriandre,
Ces senteurs que le vent maraude à l’Orient,
Et si je m’égarais en d’infinis méandres
Où l’éther des baisers n’enivre plus les sens,
Tue-moi !
Si mon cerveau déchu ne devait plus comprendre
Et mes doigts ne savaient plus caresser ta joue,
Si je n’entendais plus ta voix comme une offrande
Et ma bouche, en tremblant, se taisait tout à coup,
Tue-moi !
Ô, si mon âme hantait la geôle de mon être
Enfermée, sans retour, dans l’antre de mon corps,
Ne guettant plus, alors, penchée à sa fenêtre,
Que le vol espéré de l’ange de la mort,
Tue-moi !
Un jour, si je ne suis plus qu’ombre chancelante,
Lorsque le temps peindra de laideur mes atours,
Et si mes pas s’en vont d’une démarche lente,
Ô, si tu m’aimes encor, je t’en prie mon amour,
Tue-moi !
Tue-moi !!
Tue-moi !!!