Sur la plage aux pieds nus
Sur la plage aux pieds nus, je marche sous le Vent
Au gré des alizés et l’air sent la vanille ;
Les palmiers me saluent…comme c’est émouvant
Et si bon de voguer en pirogue aux Antilles,
Jeter l’encre et mouiller dans ce port familier
Où Paul et Virginie ont vu tant de frégates
Qui s’envolaient alors, et porter des colliers
Epicés de senteurs de cocos, d’aromates.
D’ici, l’écho plaintif, mais joyeux des toucans
Retentit, coupant court à l’instant puéril
Où le relief s’endort dans le lit du Volcan,
Pour jaillir et renaître en enfantant des îles.
Là, les Dunes dorées, jonchées de Coquillages,
Ressemblent, tour à tour, ô divines Vestales,
A celles du Désert où le Simoun voyage…
…Mais, ici, l’Océan en a fait ses vassales !
En camaïeux de vert aux reflets admirables,
Le bleu Lagon ravit l’allégorie des Cieux
Et, telle une sirène au galbé désirable,
Charme de ses attraits la faconde des Dieux !
Au lointain, je perçois -comme aux braises de l’âtre-
L’horizon mordoré où se couche, éphémère,
Le Soleil, filon d’or, sur des limons d’albâtre,
Avant de se glisser sous des draps outremer.
Et, le long des chemins aux foyers triomphants,
Des beautés aux seins lourds dans leurs robes créoles,
Dans l’agonie du Jour, pour calmer les enfants,
Chantent des mélopées dont les mots les cajolent…
…Ô comme j’aimerais quitter mon gris Paris
Et rester, sans retour, dans ces îles lointaines,
Car jamais, par ici, l’hibiscus ne flétrit
Et le ravissement ne fait place à la peine !
Mais, hélas, il est temps de laisser là mes rêves,
Les tam-tams oppressants ont de longs tempos tristes,
Car la splendeur, la grâce et la magie s’achèvent
Lorsque l’oiseau de fer atterrit sur la piste.