Ta main
Non, je n’ai pas dormi toute la nuit dernière…
…J’ai contemplé, émue, d’entre mes draps blottie,
Toi bel enfant comblé qui, fermant ses paupières,
Dans une aura ailée, enfin t’es assoupi…
…Alors, tout un vécu a envahi mon âme,
Je me suis égarée au vent des souvenirs
Et j’ai cherché, en vain, le pourquoi de la flamme
Qui a fait de nous deux ces amants qui soupirent.
La tempête en mon cœur a fait tant d’étincelles,
Que le cafard a point en moi tel un démon
Et les larmes versées, étouffant ma chandelle,
Ont eu raison de moi jusqu’à la déraison.
J’ai remué, sans fin, le passé dans ma tête
Et retourné, cent fois, le sablier-mémoire…
…Puis, ta main s’est glissée, câline, sous ma tête
Comme si tu sentais un peu mon désespoir.
Je me suis accrochée à cette main tendue,
Dans un demi-sommeil, tu m’as prise en tes bras,
Alors, dans un sanglot, sans plus de retenue,
J’ai pleuré dans le noir… mais, tu ne le sais pas…
Qui m’aurait dit, qu’un jour, à la saison funeste,
Illuminant ma vie juste avant le trépas,
Le printemps reviendrait comme à cloche-tendresse
Et couvrirait de fleurs le chemin qui y va ?...
…Alors, avant d’aller butiner sous la terre
L’ardent coquelicot, l’abeille que je suis,
Au feu de cet amour qui l’embrase et l’enserre,
Ira se consumer à la flamme qui luit.