Je ne reviendrai pas cheminer sur la grève Où nous allions tous deux, marchant main dans la main, Où les jours et les nuits passaient comme des rêves Où nos deux cœurs battaient sans peur du lendemain.
Ce fut un jour maudit, qu’en houles déferlantes, Ô Mer, tu vins dompter tes chevaux piaffants, Ce jour, où l’Océan, en trombes insolentes, Vint se désintégrer entre des bras d’enfants.
Ô Mer que je chéris ! Ô Mer, toi que j’adore ! Pourquoi a-t-il fallu que tu rugisses, grondes ? Quel vil toréador, quel assassin immonde T’a planté son épée pour y semer la mort ?
Comme un taureau meurtri, sauvage et indomptable, Mugissant de douleur, ta vague se cambra Et l’eau, furieusement, bourreau impitoyable, Courut s’écarteler en fougue et en fracas.
Quel sorcier, quel démon, quel ange délétère A posé son regard sur ta croupe féconde ? Satan s’est déguisé pour t’embrasser, ô Mer, Et mieux t’abandonner tout en séduisant l’onde !
Voici que l’insolent, insensible et volage, Tel un boa qui tord sa fourbe majesté, Revint, fébrilement, pour inonder de rage Cette plage où mon cœur fut désarticulé !