Un regard a suffi et, touchée par la foudre, J’ai murmuré, saisie : « c’est lui que j’attendais » Et je suis restée là, sans pouvoir m’y résoudre Alors, qu’autour de nous, l’univers s’estompait…
Et nous avons appris alors à nous connaître, Sans l’ombre d’un nuage –harmonieusement- Après de lui, mon âme se sentait renaître, Car il vint éclairer ma vie… tout simplement.
Près de lui, chaque instant me laissait étonnée De tant d’années vouées au doute et aux tourments, De mornes soirs d’automne et de roses fanées, De tant d’années jouées à cache-sentiments !
Je le suivais partout, fascinée par son charme Et mes yeux éblouis ne voyaient que par lui, Au creux du lit défait, y déposant nos armes, On s’aimait corps à corps, jour à jour, nuit à nuit.
Mésange apprivoisée, je n’étais plus farouche… S’il dévorait mes seins comme un bébé gourmand, Je m’épanouissais aux baisers de sa bouche Jusqu’à la volupté, butinée par ses dents.
Qu’auraient été nos vies si l’on ne s’était vu ? Si nos pas n’avaient fait la moitié du chemin, Ni sa lèvre effleuré furtivement ma main, Sans la ferveur de nos deux regards confondus ?
Qu’auraient été nos cœurs sans cet hymne suprême Où j’avais distingué, comme un doux sortilège, Ces mots qui m’enivraient comme un vin de Bohème ? Ils se seraient perdus... et perdus leurs arpèges.
Si j’ai croisé les doigts pour conjurer le sort Et supplié les dieux de me le retenir… …Aujourd’hui, il n’est plus qu’un dolent souvenir, Car le froid du tombeau m’a dérobé son corps…