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Cypora SEBAGH

Va, mon fils

Va, mon fils, il est temps de rejoindre les hommes
Car l’amour a changé le bleu de ton regard,
Si dans mon cœur tu es toujours mon petit homme,
Prend le train de la vie, ne sois pas en retard.

La maison sera vide et mon âme aux abois,
Mais, ne crains rien, mon fils, j’escorterai tes pas,
Tout en cachant mes mains qui se tendent vers toi,
Va devant et, surtout, ne te retourne pas.

C’est au petit matin, sur le seuil de ma porte,
Que tes pas s’éteindront sur le pavé mouillé,
Sans bruit, sans dire un mot, tu fermeras la porte
Et puis tu t’en iras sur la pointe des pieds.

Va, mon fils, il est temps de déployer tes ailes,
Si ton nid est douillet, pourtant il faut partir...
Mais, avant que le temps ne souffle ma chandelle,
N’oublie pas, mon enfant, un jour de revenir.

Je t’attendrai, ici, sur le seuil de ma porte,
Guettant le moindre pas sur le quai de ma gare,
Surtout, ne m’oublie pas -où que la vie t’emporte-
Et tâche de venir avant qu’il soit trop tard,

Avant que les ondées n’effacent mes marelles
Et que le Vent du Nord replie mes cerfs-volants,
Tache de revenir comme les hirondelles,
De saison en saison, de printemps en printemps,

Avant que je ne sois que l’ombre de moi-même
Et que tous mes étés se soient évanouis
Dans l’automne des jours –saison des chrysanthèmes-
Juste avant que l’hiver ne fige mes envies.