Varsovie
Varsovie est si loin... Varsovie ne sait plus...
Ses rues, ses boulevards, comme ses avenues
Ont oublié le temps où les heures comptaient,
Où la mort toute nue, pathétique, passait.
Ils étaient des milliers, ils marchaient lentement,
Des hommes, des femmes, des vieillards, des enfants ;
S’ils n’étaient de nulle part, allaient n’importe où,
Ils voulaient, simplement, pouvoir vivre debout !
Ces pauvres amoureux d’un pays chimérique
Ne s’imaginaient pas ce destin bafoué,
Ils voyaient Varsovie en nouvelle Amérique...
...Mais au seuil de l’enfer, on les a sacrifiés.
Il aurait fallu fuir avant l’ultime drame,
Avant que de plonger en suprême agonie,
Avant que, sous leurs pas, ne s’allument les flammes
Consumant, à jamais, leurs âmes et leurs vies !
Pour ne pas oublier leur calvaire infernal,
Il faut nous rappeler tout ce qu’ils ont vécu ;
La bave du crapaud -si ce n’est point fatal-
Est l’arme des bourreaux ! des tyrans ! des vendus !
Lorsque l’Humanité -dans ses rêves maudits-
Fait appel à celui qu’elle nomme "mon Dieu",
Et, qu’au nom de ce "Père" aidé du "Saint-Esprit",
Aux jardins de l'Enfer, elle allume des feux...
...Pensez à Varsovie comme à l’agonie lente
Des martyrs immolés, des femmes qu’on éventre ;
Souvenez-vous, surtout, des enfants que l’on tue !
Ne dites plus jamais : « C’est Dieu qui l’a voulu ! »