Le vieil homme, veuf depuis des décennies, Vit en ermite dans une isba Perdue dans la taïga En compagnie de son petit-fils, De renards, loups et lièvres, D’ours, lynx et coyotes, De porcs-épics, cerfs et carcajous… Puis, un jour, au petit matin, Dans la clairière près de la rivière, Il tend l’oreille et me dit : « Tu sais, petit homme, les arbres nous parlent… Écoute bien et tu entendras leurs chants. » « Mais, grand-père, je n’entends rien! » lui dis-je. « Petit homme, ce n’est pas possible! Je les entends tous chanter! » Et l’Aïeul, tout fier, récite à voix haute ce qu’il entend : « Entends-tu le bouleau croasser comme le grand corbeau? Entends-tu le thuya bavarder comme le tangara? Entends-tu le sapin pépier comme le roselin? Entends-tu le pin parasol turluter comme le moucherolle? Entends-tu le chêne boréal fredonner comme le cardinal? Entends-tu le peuplier jacasser comme le vacher? Entends-tu l’osier rouge crier comme le carouge? Entends-tu le mélèze laricin siffler comme le sizerin? Entends-tu le sureau piailler comme le moineau? Entends-tu l’épinette zinzinuler comme la fauvette? Entends-tu le saule pleureur miauler comme le moqueur? Entends-tu les feuillus chantonner comme le goglu? » « Oui, oui, oui, grand-père, je les entends tous chanter! C’est plein d’oiseaux dans les branches des arbres! » Chuchotai-je à l’oreille du vieil homme aveugle…