Moi Xavier, Je me suis assis sur un banc au Luxembourg, Le nez plongé dans les vers de Prévert : « Des milliers et des milliers d'années Ne sauraient suffire Pour dire La petite seconde d'éternité Où tu m'as embrassé Où je t'ai embrassée Un matin dans la lumière de l'hiver Au parc Montsouris à Paris » Que vois-je? Qu’entends-je? Plouc! Un volume glisse de sa serviette Et tombe à mes pieds… Ah! « Les Fleurs du mal » me dis-je Et me penchant pour ramasser le bouquin : Boum et aïe! Ma tête frappe une autre tête. Des étoiles par milliers, vois-je. Les Perséides au grand complet, sacrebleu! Ma foi, c’est une déesse qui se relève, Chancelante et en colère : « C’est MON Baudelaire! » me crie-t-elle fâchée Et m’arrache des mains le précieux volume. Encore étourdi, ma main palpe mon front bombé Et mes doigts touchent une bosse grosse Comme un œuf de pigeon! « Belle demoiselle, vous avez une tête de pierre, Regardez la prune que vous m’avez faite sur le front », Lui dis-je timidement. Sa réponse? Sa réaction? Cette drôle de femme s’esclaffa en posant son doigt sur ma bosse. Puis, elle se pencha et y déposa un baiser réparateur : « Voilà ce qui devrait guérir ta prune, jeune poète! » Me susurrèrent ses lèvres rouges et souriantes. En coup de vent, elle se releva en s’excusant : « Je dois filer car je suis déjà en retard pour mes examens » Lança-t-elle avant de filer à l’anglaise. Comment aurais-je pu retenir une seconde de plus, pareille déesse? Avant même de reprendre mes esprits, Elle avait bondi comme une panthère du Bengale Dans un froufrou de soie et de dentelles! « Ton nom? » lui criai-je penaud. « Marie-Laure…Lorrain? Loriot? » hurla-t-elle Au loin dans le vent. « Et toi? » peut-être, entendis-je? M’imaginai-je? Hélas, elle n’était plus là. Disparue et volatilisée! « Xavier » me répétai-je à voix basse, Pour la forme seulement, Uniquement pour moi-même…