Petite valse gitane
Quelque part entre Lyon et Lausanne,
Ou encore, entre Sisteron et Roanne,
Je ne le sais pas, je ne le sais plus,
Je ne m’en souviens pas, je ne m’en souviens plus.
Pourtant je me rappelle de ces musiciennes,
La mère et l’enfant toutes deux magiciennes,
Je vois sur l’épaule de Marianne, son violon
Et sa fille Gentiane rivée à ses talons.
Comme elles sont belles les deux gitanes
Qui se promènent en fringues et en soutanes!
Puis elles chantent et elles dansent.
Elles nous enchantent avec toutes leurs romances :
« Sèi un país e ua flor,
E ua flor, e ua flor,
Que l'aperam la de l'amor,
La de l'amor, la de l'amor.(1).»
Mais elles fredonnent des accents béarnais
Et comme ça me plaît!
Difficile de ne pas reconnaître le groupe gascon
Nadau et leurs belles chansons
« L’immortèla », hymne à l’amour et à la liberté,
Appel de la montagne et goût du sentier.
Elles chantent et dansent encore de plus bel
Une alouette et une hirondelle valsent dans le ciel!
La petite Gentiane chante une autre histoire de cœur,
Ce joli refrain qui me comble de bonheur :
« Catí qu’ei, shens mentir,
Beròja com lo matin.
Caterineta, se’n va lo temps,
Se’n va lo temps, se’n va lo temps,
Caterineta, se’n va lo temps,
Jo que t’aimi per tostemps.(2) »
C’est aux sons du violon de Marianne,
Sous une petite valse gitane
Que le soleil d’août se couche
Et la voix aiguë de Gentiane qui me touche,
Et ses petons qui valsent dans la mousse,
Et sa jolie frimousse de fillette rousse
M’emmène très loin là-bas,
En haut de la montagne près de « l’immortèla. »
(1) « Je connais un pays, et une fleur,
Et une fleur, et une fleur,
On l'appelle celle de l'amour,
Celle de l'amour, celle de l'amour. »
(2) « Cathy est sans mentir,
Belle comme le matin
Catherine, le temps s’en va,
Le temps s’en va, le temps s’en va,
Catherine, le temps s’en va,
Moi, je t’aime pour toujours »