Elle est partie un matin sans dire son nom La chanteuse en voie de disparition Elle n’a pas chanté longtemps avec toi Le temps d’une chanson, petit soldat
L’ennemi à ta porte bombarde les champs Une fleur à ta lame, te voilà mêlé A la foule des bottes qui hurle en dansant Sur le chant d’une trompette désaccordée
La main sur le cœur, tu écoutes les canons Qui font « bang ! » en remuant la glaise du monde Leurs lèvres gercées par les fortes explosions Murmurent des airs, amers et immondes
Soldat immobile, tes larmes épaisses Effacent la marque des suçons Que tu as gardé par simple faiblesse Et par amour de la chanson !
A quoi riment les grands vers patriotiques Dans la bouche édentée d’un soldat ? Tristes amours, vos gestes héroïques Ont perdu leur vigueur au combat !