Mon père est un poète Quand il retourne la terre Lui donnant confiant le goût. Le goût du travail bien fait Celui de l’amour que l’on donne. Sans relâche, sans faiblesse, sans attendre Que saturne ne lui apporte le soleil.
Mon père est un poète Sous son air un peu distrait Il pense toujours à autre chose Chose de la vie, chose du temps. Il se réfugie dans ce dernier repère Jardin prière, jardin désert Il y a toujours un peu à y faire.
Mon père est un poète Il fut blessé comme je le fus. Dans son ère Prévert Casquette et cigarette au bec Il s’en va ramasser les feuilles mortes Qui dérangent les braves gens qui s’arrêtent Encore souvent ayant trouvé l’être attentif
Mon père est un poète Précieusement, il caresse la terre, De mouvements tendres et précis. Et quand la vie vient lui couper ses roses Je vois sur son visage la mélancolie tragique ... Mon père est un poète Son jardin ressemble à lui-même Une parcelle chaude et régulière Défrichée par la volonté d’avancer dans un rêve. Tolérant les ballons qui s’y posent de temps en temps ...
Mon père est un poète Câlinant ses marmots grands et petits Eux qui grandissent plus vite qu’il ne vieillit. Lui qui sans relâche construit Un petit monceau de bonheur Un petit tas de tendresse Pour que brille de couleurs chaque saison finie.
Mon père est un poète Car il ne suffit pas d’écrire pour en être. Sa vie transpire d’une belle poésie, Que n’importe qui pourrait transcrire. Ses légumes ont du goût, Le goût du travail bien fait Le goût de l’espoir et de l’amour.