Poésie lente alchimie des mots et musique Aux confins sacrés d’un silence ressenti Tu rends grâce à la parole des aphasiques En te célébrant je célèbre aussi la vie
Ô Souffle immortel plus foudroyant qu’une flèche Faucheuse parole qui soudain en plein vol Vers notre poitrine offerte que rien n’empêche Nous pénètre avec une douceur de corolle
Et ouvre dans le corps transpercé une brèche Lumineuse pointe soudain mutée en fleur Auspicieuse poison idéal que je lèche À coup de langue déliée jusqu’à l’ailleurs
Tu es la création l’harmonie du tumulte La route est si longue le chemin immédiat Tout est de bon augure car ici l’on sculpte À même la blessure à coups d’alléluia
Pour frémir au chant des mots il nous suffit d’être La montagne réverbère tous les échos Nul besoin d’Himalaya nul besoin de maître Pour restituer la voix du monde au plus haut
Dans une main se lit tout l’univers d’un corps Dans tes yeux s’éprouve ce qui est sans réponse La partie est dans le tout le dedans dehors Rien ne nous réprouve la poésie l’annonce
C’est ce lien tendre et fragile et puissant que j’aime Célébrer comme un passeur dans l’ombre conscient De sa petitesse et de sa grandeur qui sème Des graines dans l’ère d’un plus vaste inconscient
Érotique vibration née pour foudroyer Tu perces mes défenses et reviens par surprise Au moment où je ne t’attends plus rougeoyer D’un vibrant désir que la parole exorcise
Portant tous les masques pour pétrir ton message Dans la chair jusqu’à ce que l’encre divine gicle Comme une grâce un don pour maculer les pages Tu vibres comme Lui du son de tous les cycles
Défricheur laboureur semeur et vendangeur Le poète est témoin des transsubstantiations Du monde et devenant intime avec ses peurs Sa parole sonde le sang des éclosions
Poésie viens en moi il n’est rien que je sache L’hologramme invisible transmue à rebours La beauté de la vie et œuvre sans relâche Pour dire l’indicible d’un seul mot Amour