ÉCLAIRCIE Les morts se lèvent Se frottent les yeux Et s'étirent En éclatant de rire En fait, il n'y a jamais eu de morts Toujours eu que des vivants qui Une fois essorés de leur sang Font un petit somme. Mais ça, seuls les morts Le savent. Chacun s'épanouit en bikini À l'ombre de sa villa Et de ses bois Dans les rues de sable les arbres Et les fleurs Cachent les maisons. Partout on entend des chansons Comme des chevreaux fous. Les gens sautillent de joie Et s'embrassent sans raison. Sans haine, sans division. Il y a de grandes avenues Qui traversent tous les pays. Les enfants la nuit Dorment tranquillement dans les bras De leur papa et de leur maman. Il n'y a plus de cité et plus de véhicule Partout des champs crépitants Et des sentiers de sable jaune Qui les traversent. Les voix sont douces Et les lèvres souriantes Des vaches paisibles ruminent Sous les chênes. Le jardin prospère sous le soleil d'or Et le coq chante sans attendre l'aurore. Le chant de la chouette ne dérange pas L'homme qui dort sous la lune tiède Au fond des bois. Les maisons n'ont pas de porte Les yeux ont oublié l'acide des larmes Et les hommes la fureur des armes. Il n'est que d'attendre un peu Pour voir tout cela dans un monde heureux. D.andré Janvier 80