[email protected]L'ENFANT MAL Aimé
Entends-tu dans les tiédeurs sombres
De la chambre
Des soupirs que les draps étouffent ?
Écoute bien :
Un lourd sanglot vient de se rompre !
Et on devine, sur les joues lisses
D'un bambin,
Des larmes brûlantes qui glissent !
Des suppliques
Secrètes, silencieuses et pudiques
Brisent sa gorge et la dévorent !
D'un cœur mort,
L'enfant n'a pas voulu éclore !
Qu'il l'étreindrait, désespéré
Si, comme une ombre silencieuse,
Elle venait,
Sa mère, pour caresser cette joue
En chantant "je t'aime" comme berceuse !
Vois-tu passant indifférent :
Cet enfant,
Celui qui versait ces sanglots,
Aujourd'hui c'est moi, en lambeaux.
Daniel ANDRÉ - Décembre 94
***
ESCAPADE
Je n'avais qu'une aile
Et je voulais m'envoler.
Tu n'avais qu'une aile et tu voulais planer.
Envolons-nous à tire d'ailes avec nos deux ailes
Vers le ciel immaculé, loin du monde
De haine enfiévré . 1993
JE T'HABITERAI
Maison entamée, maison pas finie.
Délaissée, par les ronces squattée,
Le maçon est parti !
Mais pourtant maison gaie souriante et douce,
Derrière les yeux aux vitres cassées.
.Poète, qu'attends-tu pour l'habiter, elle si belle !
Elle qui, candide, ne s'aperçoit même pas
Qu'autour d'elle rien jamais ne pousse.
Ne la laisse pas se répandre sur le trottoir.
Enfante cet édifice ouvert au jour,
Qui appelle en toi son terroir
Pour s'y enraciner pour toujours. d.A Janvier 95