Dans une contrée très lointaine Naquit deux filles, la deuxième Etait d'une beauté comme personne N'en avait vu jadis, des poèmes Lui étaient consacrés par milliers Célébrant son teint de lys, ses lèvres Vermeilles sans nulles autres pareilles et Pour ne rien gâcher elle avait une haute stature Et des jambes qu'Aphrodite aurait pu lui envier. La première fille que les fées avaient moins gâtée Etait certes assez belle mais la vérité C'est que face à sa soeur elle était à peine remarquée. Or elle ne supportait pas la concurrence Déjà que naguère elle avait sollicité Une sorcière afin d'évincer sans nuances Deux pauvres créatures qui avaient eu la félicité D'avoir plus belles figures que la sienne. En outre, le Prince étranger qu'elle convoitait Ne savait laquelle choisir, qu'à cela ne tienne! Se disait-elle "c'est moi qu'il doit épouser" mais L'affaire fut délicate: comment se débarasser de ses Rivale Et voici les malheureuses paralysées, ah la criminelle! Privées de l'usage de leurs jambes et de leurs bras A qui pouvaient-elles désormais espérer plaire? Du coup, le Prince par dépit épousa la mauvaise fille Qui à force de sorcelleries acquit, oh horreur! "Les yeux maudits" et évidemment cette harpie L'exerça sur sa soeur à qui il arriva Un malheur épouvantable, depuis la voici Privée de raison, tout ceci n'empêcha Pas la mauvaise de vivre à l'aise loin de son pays.
De ce triste conte une leçon: Quiconque fait du mal périra par ce même mal Viendra un jour où après bien des saisons La mauvaise fille souffrira à son tour... ainsi va le bal!