On fait la course avec les nuages qui montent; Perdu ! Le brouillard nous rattrape, puis l'averse... Le décor disparaît, comme dans ce vieux conte Où le héros part sur des chemins de traverse.
Le sentier devient ruisseau, et l'on n'y voit goutte, Égarés dans la nue, on navigue à l'oreille, Au bruit des clarines des Hérins sur la route. Soudain, perçant le ciel, un rayon de soleil
Dévoile une montagne au loin, une vallée; Les prés se parent d'asters, d'orchis vanillés... Là-haut, le cri aigu du faucon crécerelle; En bas: buissons chargés de myrtilles, d'airelles.
Puis la pluie revient, on a de l'eau plein les grolles ! Nous dérangeons une volée de niverolles, Dos noir et ventre blanc comme la linaigrette, Ce duvet cotonneux dont les étangs s’apprêtent.
Sortis de la rhodrée, nous montons vers le col. Ici, c'est minéral ! Quelques choucas décollent, Puis un flocon, un autre, et voilà la tempête; D'un coup la neige nous fouaille les gambettes.
Enfin ! La passe... Une vue à inspirer Dante ! Nul ne s'y attarde, la descente commence. Trois cent mètres plus bas, la roche cède aux plantes, L'été est de retour, fier et plein de clémence.