Ce brin je l'attrapai vers ma quinzième année Au moment où mes joues se recouvraient d'acné Où ma timidité atteignait les sommets Enfermant mes amours entre des guillemets.
Alors oui j'étais fou de la vie je l'avoue Guettant anxieux mon premier rendez-vous - Serait-elle jolie - blonde ou brune ou bien rousse ? Elle aurait - j'étais sûr - une belle frimousse.
Et ce brin de folie n'a fait que s'aggraver Marilyn - Ava Gardner - que j'en ai rêvé ! Cependant aucun flirt au bout de l'horizon Mon brin s'agrandissait à perdre la raison.
Les années ont passé - je cultive mon brin - Aujourd'hui à dix ans ils ont tous un béguin. Nous n'avions pas nous autres les ordinateurs Pour chercher il n'était bien sûr aucun moteur !
Il nous était aisé de trouver un boulot Les filles c'était dur d'être leur Roméo Le temps a inversé la donne du crédo.
Pour l'amour tout va bien - pour le job t'es chômeur La folie - même un brin - au jour le jour se meurt Le monde est transformé et n'est plus que clameur.
Les jeunes dans la rue auront-ils donc raison Contre tous ces zéros qui dictent l'oraison De ceux qui resteront inertes à la maison ?
L'amour s'enfuit - pas de boulot - l'assiette est vide - Cependant que le riche est encor plus avide Les ministres puissants avec de bons gros bides Et ce brin de folie du fric qui seul les guide !...