C’était l’été. L’eau miroitait. Les libellules me parlaient Au loin, le grand héron se fondait parmi les quenouilles J’étais suspendue sur des rêves de naufragé Assise. Sur le bout du quai… parfois, je fredonnais
Et la rivière brumeuse de son audace S’ouvrait sur un nouveau monde frayant sa passe Je pouvais sentir sa force sous le radeau Lorsque je m’aventurais sur le fil de ses eaux.
De la chasse aux papillons, je revenais bredouille Les nénuphars ondulaient sur le lac calmé Brusquement, sur moi, l’hirondelle bleue s’abattait Sortant de son nid de sable, elle me fauchait Ses petits riaient de moi, l’andouille ! Oiseau de malheur…comme j’avais l’air niais Courant bras en l’air pour l’en éloigner.
Assise. Sur le bout du quai…parfois, je fredonnais.
Les étoiles étalaient leur tapisserie Sonnant l’heure de la pêche à la barbotte Une branche d’arbre à la ligne morte Le fil descendait le vers dans la nuit Pour revenir avec celui qui l’avait pris Les ouaouarons nous offraient leurs chants Qui se perdaient en écho au travers du vent La cigale annonçait une journée sans pluie
Assise. Sur le bout du quai…parfois, je fredonnais.
J’écoutais la route. Silencieuse Et le bourdonnement des guêpes De leur nid sous ma fenêtre Dérangeant les mulots au grenier Nous qui n’avions pas de chat pour les manger Mais toujours un chien pour japper Je vous le dis…j’avais tout pour être heureuse
Assise. Sur le bout du quai…parfois, je fredonnais.
Et si vous saviez. Le martin pêcheur Était mon porte-bonheur Il volait et m’accompagnait Sur la rivière tortueuse Où je naviguais Aventureuse…