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Diane FERRANDON

La rivière est tarie

S'en est allé le sang de mes veines,
Est tombé en ruine mon coeur fragile,
A disparu toute sensation chaleureuse
Sous le poids démoniaque d'une pensée
Qui relate indéfiniment un pauvre souvenir
Dénué de sens, n'ayant possibilité d'être vrai
Car de sa vérité naîtrait ma perte définitive
A laquelle je me refuse d'assister aujourd'hui,
Pas encore, croyez-moi c'est bien trop tôt,
Et pourtant mon miroir veut me mentir,
Me disant blème, les yeux rougêatres,
Comme un corps sans vie m'a-t-il décrite
Et hélas je vis toujours ; cette enveloppe est froide
Mais elle respire, tente doucement de survivre
Puisque l'humain se sent immortel ; bizarre ;
Il a si peur mais essaie d'oublier, de se distraire
Et en son esprit trouve la force d'imaginer
Plus qu'un lendemain ; un avenir tout entier ;
Le mien est tant occupé à ne plus penser
Qu'il me paraîtrait maladroit de dire qu'il est sain
Et bien plus encore de croire qu'il se meurt,
Etant donné le dur labeur que le cas présent
Lui a soumis : la perte d'un être des plus chers,
Sans qu'il soit mort pour autant, plutôt pire ;
Il paraît que jamais plus de lien entre nous
Ne sera formé, tout a été brulé vif et ne repoussera,
Faute irréparable qui a dévoré ma vie
Car même en doutant toujours d'un destin
Où l'amour nous unierait éternellement,
Je n'oublie ô combien tu m'apportais d'oxygène.