A l’auberge des poètes je prendrai un dernier verre Non pas dans le carré select et privé des VIP Mais là dans l’arrière salle sur une toile-cirée Où j’agoniserai l’œil égaré sur un mauvais vin Muté en derrick forant ce qui dort derrière mes murs…
A l’auberge des poètes je prendrai un dernier verre Tiré du tonneau où stagnent les lieux communs de la vie Et sur lesquels je surfe sans grande originalité Des ‘pourquoi’ la mort l’innocence la Femme mon demain Et j’extirperai ma forte faiblesse de mon armure…
A l’institut des poètes j’écrirai un dernier vers Non pas dans le carré select et privé des VIP Mais au bout du couloir enfermé et assis sur le chiotte Dans le gris j’écrirai d’encre sympathique sur le jour Mais le prisme de mes larmes sèches en taira la lumière…
A l’institut des poètes j’écrirai un dernier vers Facsimilé d’ode au Divin au beau et à l’infini Sans talent ni panache et avec une plume vieillotte Voyant fuir dans le rétroviseur tous ces rêves d’amour Hanté possédé laminé par le fantôme d’hier…
Au sépulcre des poètes je prendrai un dernier ver Non pas dans le carré select et privé des VIP Mais là où tous les vents chassent et taisent tous les [souvenirs Et où même les fleurs artificielles sont desséchées Où jamais personne ne passe et où le soleil trépasse…
Au sépulcre des poètes je prendrai un dernier ver Bercé câliné par le néant de l’éternelle nuit Qui n’aura pas la chance d’être éclairée par ton sourire Et héritier de cet orgueil qui aura su me briser Je m’abandonnerai dans les bras de la mort si rapace…