Je me nourris de mes propres dépouilles Nécrophage quand la mort prend son temps Cannibale si mes vies sont bidouilles Pour cadavres poussant dans de grands champs D’où mes futurs reviennent tous bredouilles…
Quand je suis né mon fœtus disparut Cris et larmes scellèrent l’aventure De son décès mon bébé apparut Petit bourgeon et fragile bouture Ignorant tout ce que son avant fut…
L’enfant naquit par des mues successives Toutes en douceur dans un monde feutré Méconnaissant le tourment d’autres rives Petite bulle où il n’est pas frustré Bonheurs simples qui deviendraient archives…
Puis il est mort avec la puberté L’adolescent imaginait la Femme Rêve éternel d’absolue liberté Car sans amour pas d’encéphalogramme Musique fade et sans tonalité…
Nouveau cadavre et je deviens adulte Les décennies s’additionnent sans fin L’humanité s’ouvre sur son tumulte Où la haine s’active sans vaccin Où le mépris est transformé en culte…
Dans cet âge je suis mort plusieurs fois Plus d’illusion le clair est tué par l’ombre Je suis déçu mais aussi je déçois Fini le mythe où l’on vit sans encombre En pointillé le vrai est quelquefois…
C’est tout cela que l’on nomme expérience Futilité où le plus nait du moins Vaine illusion précédant le silence Frères Humains voyez je vous rejoins Ultime mort baptême dans l’absence…