Lorsque s’abat la mort l’homme est toujours vaincu Il est tout dénudé par l’ultime déroute Dans l’esquisse d’un rêve un jour il a vécu Le songe se finit par une banqueroute…
Des pleurs mis en bouquets bordent le souvenir Qui là sait oublier comme ailleurs il encense Le fantasme souvent se complait à bénir Le trépas serait-il un voile d’innocence…
Il m’arrive parfois dans un recueillement De dépasser le temps de dépasser l’espace Lors mon esprit connait comme un tressaillement Et le concret d’un coup bizarrement s’efface…
Une onde prend son vol vers tous les inconnus Vers tous les malheureux vers tous les anonymes Qui disparaissent seuls sans être soutenus Le sens du mot néant semble atteindre des cimes…
Mon esprit vole aussi vers les os sans tombeau Vers les noms oubliés vers les tombes rouillées Tous nous évoluons sous un temps collabo Nos espérances vont mais seront dépouillées…
Ce voyage se sait sans un angle moral -Juste dans le constat de notre cause vaine- Que m’importe leur bien que m’importe leur mal Demain sait écrêter le bonheur et la peine…
Et sans doute qu’aussi quelque peu quelque part C’est sur mon propre sort que ce regard se pose Toujours nos pas se font dans l’ombre du départ Mais un leurre puissant constamment nous hypnose…
Marchons modestement l’avenir est compté Le futur c’est certain fera cracher la poudre D’ailleurs au demeurant qui pourrait le dompter Soyons bien convaincus qu’il saura nous dissoudre…