Tandis que je me tenais face à la mer des rêves Cherchant dans les reflets des vagues Une myriade de sourires. Et sur la grève Des pelotes de nuages de Prague
Un petit garçon à la recherche de bleu Me demanda mon sac de coquillages Pour les semer tout le long de la plage Et y guider tous les gens bienheureux
Je vis ensuite un fantôme gris de pirate Perché sur un tonneau de rhum, vociférant Quel spectacle étrange et amusant ! Jambe de bois et jurons de Galates
Les mouettes criardes volaient sous l'écume Et j'entendis le carillon des tritons d'argent Flottant sur le fracas des tonnerres ardents Dans les tornades des parfums d’agrumes
Je marchais sur le sable plein d'étincelles Rêvant de bohème, de vers et de feux follets Chantant des airs gais qui parlaient d'elle En laissant les sirènes me caresser les mollets
Mon coeur bercé par la houle des temps Mon front baigné par la lumière du vent Je voyais tant de mondes fantastiques Et j'admirais, rêveur, les galaxies volcaniques
Le long bêlement des cabris sauvages Brusquement interrompit mon doux voyage Au loin les mornes, verts, s'assoupissaient Dans les palabres féroces qui passaient
Les sentiers des contes venus d'Afrique S'ouvraient alors sous mes oreilles rieuses Des diablesses et des gazelles magiques Des aventures oniriques et lumineuses
Le soir apportaient à la table les mystères Et des perles de sons élucubrantesques Dans les soupirs des draps arabesques Sous le regard des lucioles venues de la mer
J'attendais alors l'heure du beau départ Là-haut, bien perché sur un rayon de lune Espérant qu'elle ne soit pas trop en retard Pour le dernier vol vers les anneaux de Saturne.