Le monolithe infernal déambulant enjambe la plaine De son pas lourd et tonitruant il précède le chaos Les rues désertes hurlent la décadence des corbeaux Les flammes des entrailles claquent dans les arènes
Des hommes décharnés grattent les murs tombés De vieilles sirènes contemplent les falaises ravagées Le renard égaré cherche sa tanière sous la roche Au loin gémissent des fantômes de cloches
Le dernier berger pleure la disparition du troupeau Et ses verts paturages à présent ensevelis Quand le soleil donnait ses trésors à la nuit Quand l'amour était le plus lourd des fardeaux
Et les grondements des taureaux pourpres résonnent Sur la terre perforée et les monticules d'aciers Des harpies déchainées dévalent les mornes Pour dévorer des lambeaux de corps en papiers
Les vagues du silence rampent sur les plages cendrées D'étranges couleuvres s'attardent dans les forêts hantées Sur les cimes l'aigle se souvient encore du poète Quand l'azur était beau et la guerre encore muette
Le désastre ne vint pas avec la nuit mais sans elle Et le jour lentement se transforma en poubelle Puis vinrent les pleurs et les claquements de dents L'esprit de providence avait été bien assez patient
Désormais l'astre lugubre brûle dans un ciel sanglant Et des navires squelettiques y voguent déchirants Il n'y a plus de nuages dans ces cieux catacombes Ni de prophète antique pour invoquer la colombe.