Emportés par le souffle d’une mélodie Mes souvenirs dansent une farandole Douce et suave dans le clair de la nuit Libre tel l’aigle en son majestueux envol
Que de rivières remontées à la lueur du coeur Que de rencontres inertes au gré des envies Et de regrets volés dans le ruisseau des pleurs Quand la brume enveloppait les soupirs de la vie
J’aimais tant l’éclat et le mystère des regards De ces femmes colombes aux ailes d’horizon Et ces sourires d’anges qui vous laissent hagards Je goutais au repos dans ces instants de coton
J’étais bien jeune et parfois même, trop polisson Je jouais au perdant à un jeu bien dangereux En cherchant un génie pour exaucer mes voeux Mais dans le fond je ne rêvais que de chansons
Inspirées par les muses et consacrées par Apollon J’espérais ces cantiques tel des nuages de pluies Pour exalter l’amour qui m’était une vocation Et arroser les terres sèches de mon coeur endormi
Je contemplais les eaux des mers ensoleillées Me demandant pourquoi Ulysse l’infortuné Préféra le retour aux promesses du voyage Et le confort du palais au plus beau des naufrages
Ô divine circé, prophétesse des amours interdits Que n’ai je trouvé tes maudits parchemins Pour y trouver un remède antique à ma maladie D’aimer avec passion les nymphes du matin
Ah, quelles ivresses chaudes grâce à elle j’ai vécu Chevauchant les nuages des désirs triomphants Pour ensuite sombrer dans les douves du néant Et ne point pouvoir choisir entre plaisir et salut
Aphrodite cette insensée moqueuse des vertus Avait en moi un disciple dévoué et téméraire Qui n’espérait que le miel de ses amours lunaires Et les secrets trésors de feu des courbes têtues
Mais le temps des printemps ne dure qu’un hiver Et les amours passent aussi vite que les mirages Et que viennent la sagesse et la raison avec l’âge J’ai caché mes souvenirs au coeur des rivières.