Voici venir avril et ses chants les plus doux, L’hiver a replié son long manteau de brume, L’ineffable tempête éloigne son courroux, Les grands geais revenus s’ébattent sur la grume.
Brusquement, en fusant, devant nos yeux déclos, Un petit souffle chaud qu’on eût pris pour une aile Retrouve un nid douillet où la vie a éclos, Tendre encor le hallier a ployé son ombelle.
Plus bas dans la vallée où dorment les troupeaux L’eau claire des ruisseaux chuchote et puis murmure, Un halo de lumière baigne les calmes eaux Sous l’éclat rutilant d’une grande ramure.
Tout couverts de rosée en la voûte émeraude Que des joyaux sans nombre ornent de leur splendeur, Laissons les souvenirs et leur ombre qui rode, Goûtons de la nature au printemps la grandeur !
La nouvelle saison voilera nos mémoires, Adoucira nos nuits, calmera nos chagrins, Et son souffle divin, des immondes grimoires, Rayera tous ces noms que le diable a étreints.