Epave d’un géant gisant sur le granit, A la rive drossé, sur les roches sauvages, Gémit sous son linceul de feuilles d’aconit Ce bateau fait du bois que prisent les naufrages.
D’un dernier flamboiement pas même de lambeau… Lancé du bers jadis vers une mer si grise, Sur la grève déserte en son triste tombeau, Aux flots bleus des lointains rêve encor sous la brise…
Pas même l’oiseau blanc n’y a tissé son nid, La carcasse éventrée, au ressac insensible, N’est que vaste ossuaire où le varech jauni Répand dans l’air du soir son relent putrescible.
Saignant des flots d’écume en ses flancs lacérés, Il frémit au lever de la brillante ARCTURE, Flambeau des matelots aux reflets éthérés, Qui berce les esquifs sans voile ni mature.
Le chuchotis des eaux sur la laisse mourant, De nochers disparus au fond d’un golfe d’ombre, Semble conter la plainte et le chant déchirant, C’est ce qui fait au vent cette voix aussi sombre.