Calices des rosées, les corolles écloses S’éclairent aux reflets d’une lune sans fard, Et le bleu de la nuit, aux étoiles mi-closes, D’une biche qui boit dit le calme regard
Miroir du jour enfui, la moire de l’étang Des ombres adoucit la mémoire humide, Toute chose s’endort sur la berge ou s’étend Le drapé velouteux des senteurs languides
Une feuille frémit en la foret rêveuse L’aile d’un oisillon s’allonge lentement, A l’ouest où se déploie une traîne soyeuse L’aube étend ses atours et la nature attend…
L’éclat chaste du mauve étire la pénombre Bientôt le ciel flamboie embrasé de flammèches Et l’horizon vainqueur aux lueurs sans nombre Dans le rouge forgé a décoché ses flèches
Le voile de la nuit lentement s’évanouit Et ses lambeaux épars dispersés en des brumes Font un moelleux duvet que le ciel épanouit En des brouillards subtils légers comme des plumes
L’astre du jour parait, nimbé des gloires d’or, L’immense firmament inonde de lumière Les forets et les bois où tout somnole encor Ses rayons flamboyants réchauffent la sommière
Frères ! si en nos cœurs ,chaque matin qui lève Pouvait de sa splendeur notre amour éveiller La terre serait belle et nos âmes une grève Où les flots de la paix viendraient s’émerveiller !